Chute de Bachar Al-assad, Syrie en liesse

Après 54 ans de règne, la dynastie Assad, c’est fini. Une nouvelle ère s’ouvre, dont on espère qu’elle apporta enfin cette liberté et cette paix tant recherchée par le peuple syrien. 2011-2024, et pourtant, certains commentaires rappelent les premiers jours. Etrangement, les jugements portés sur la révolte de ce peuple sont ceux qu’on applique à de nombreuses autres luttes.

En 2011, c’est les printemps arabes,les premiers soulèvements éclatent en Syrie. Très vite, les accusations fusent : terrorisme, sectarisme…

Pourtant, c’est la  répression du régime qui fit rage dès le premier jour de la révolte, comme depuis les débuts du règne des Assad, qu’il s’agisse de Bachar, le fils, ou de Hafez, le père.

Aujourd’hui, alors que Bachar est en fuite, les mêmes ”craintes” d’un futur violent et sectaire s’expriment. Pourquoi ?

La révolte du peuple syrien était pacifique.

Si les manifestations se sont répandues à partir de mars 2011, il fallut attendre l’été pour que des groupes de quartiers se constituent afin de défendre les manifestants et les groupes armés organisés ne se constituèrent qu’à partir d’août 2012.

En effet, le régime syrien est une dictature connue depuis des décennies pour sa barbarie. La réponse aux premiers soulèvements a tout de suite été, comme à l’accoutumée, l’assassinat, l’arrestation et la torture des manifestants.

Opposition, crimes de guerre, sectarisme et internationalisation du conflit

Après plusieurs mois de répression, des mouvements armés et politiques se constituèrent, à partir de 2012-2013. Parmi les mouvements locaux importants, il y’a notamment l’armée syrienne libre (A.S.L.) devenue “l’armée nationale syrienne”, plusieurs groupes liés aux “Frères Musulmans”…

Parmi les groupes internationaux, il y’eut le groupe “Jabhat An-Nosra” lié à Al-Qaïda, et plus tard, le groupe “Daesh”, connu pour l’ampleur de ses crimes de guerre, ses attentats à l’étranger, ses massacres contre les minorités et l’ensemble des personnes s’opposant à lui.

Le groupe HTS est né de la rupture de Jabhat An-Nosra avec Al-Qaida et de la fusion de plusieurs autres groupes.C’est le groupe HTS qui est aujourd’hui à la tête des combats ayant mené à la chute du régime en décembre 2024.

Régime, crimes de guerre, sectarisme et internationalisation du conflit

La population syrienne est majoritairement musulmane sunnite, avec une minorité chrétienne et une minorité musulmane chiite alaouite.

Bachar Al-Assad fait partie de la minorité alaouite. Les premières revendications et slogans des manifestants syriens étaient unitaires et n’appelaient nullement à la haine confessionnelle.

Par contre, il est prouvé qu’Assad a très vite agité la peur du sectarisme, en diffusant de fausses informations via les médias du régime, en réprimant les manifestants alaouites et surtout, en faisant venir des milices chiites à l’appui de son régime, qui fut également soutenu par les combattants du Hezbollah libanais et surtout par l’important soutien de la Russie et de l’Iran.

Tous ses acteurs sont eux-aussi responsables de nombreux crimes de guerre, sans oublier l’appui de la Russie dans les nombreux bombardements aériens menés par le régime contre des zones civiles.

La peur des lendemains est agitée depuis 13 ans

”Minorités”, “femmes”, “extrêmisme”…

Dès 2011, en pleine répression, pendant les bombardements, durant le siège et la famine organisés à Madaya, malgré les enquêtes dénonçant la pratique de la torture et du vi*l, systématique et à grande échelle, dans les prisons syriennes, alors que la nature de ces crimes n’est pas nouvelle, juste leur intensité…

Depuis 2011, la peur de l’après sert de prétexte à fermer les yeux sur les crimes massifs du régime. Crimes qui ont crée la situation de chaos permettant à d’autres groupes violents de prospérer, groupes dont les crimes sont, comme on l’a vu, comparables en nature, mais nullement en intensité, puisque le responsable structurel de la catastrophe syrienne est le régime et ses soutiens.

Le peuple syrien est en liesse

Faire gober de force un régime prédateur, criminel et tortionnaire au peuple syrien n’a eu aucun résultat en 13 ans.

La Syrie était passée sous silence, les crimes d’Assad aussi. S’il faut parler à nouveau aujourd’hui, cela devrait être uniquement pour  exposer le martyr des victimes, les horreurs qu’on connaissait et l’enfer qu’on va découvrir, pas pour moquer la joie d’un peuple sous le même prétexte utilisé pour justifier sa répression… Pendant 13 ans !

Ines Talaouanou
7/12/2024

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