Dimanche, 40.000 personnes se sont rassemblées à Bruxelles pour demander la fin de l'occupation. Les organisateur·ice·s en espéraient 10.000. Un succès sur le plan comptable. Malgré cela, difficile d'être satisfait·e·s en observant l'évolution de la situation en Palestine. Le soutien politique est toujours aussi faible, les raids aériens s'intensifient et le pire est à craindre... Parresia te propose le ressenti d'un de ses membres suite à la manifestation. "Comment rendre compte de l’importance d’avoir manifesté tout en restant honnête sur le sentiment mitigé que j'en ai gardé ?"
« La seule chose qu’on vous demande, c’est de dire la vérité. »
Cette phrase prononcée à Bethléem par Ismaël, jeune palestinien de 24 ans rencontré par les Ambassadeurs en début d’année, ne cesse de résonner en moi.
Dimanche, 40.000 manifestant·e·s envahissent le coeur de l’Europe pour clamer haut et fort la Parresia, cette parole franche. Une mobilisation sans précédent.
Amine Tahiri, jeune bruxellois, a mis un point d’orgue à le rappeler : « Il ne s’agit pas d’un combat identitaire ».
Dans les rues de la capitale, pléthore de profils différents marchant main dans la main lui donne raison.
Les scènes de révolte, de tristesse et d’amour s’entremêlent dans un cadre idoine.
Une myriade de drapeaux palestiniens sont érigés haut et fort devant la façade même des institutions européennes sur laquelle le drapeau israélien était projeté une semaine auparavant.
« Le peuple ne se taira pas ».
Sur les nombreuses pancartes savamment préparées, les slogans percutant pullulent :
« Un conflit trop complexe ? On vous aide : un régime d’apartheid ! »
« Zone de gris, zone d’hypocrisie. »
« À quand le printemps européen ? »
Je me sens moins seul dans ma détresse. L’union fait la force, paraît-il.
Et pourtant…
Cette petite victoire est très vite balayée d’un revers de main par les nouvelles de la soirée.
L’intensification des bombardements à Gaza me rappelle toute notre impuissance.-
Difficile de garder optimisme et lucidité lorsqu’un petit pas vers l’avant est suivi dans la foulée d’une dizaine en arrière.
La question du : « À quoi bon ? » me traverse…
Le coup de grâce dans une semaine où je n'ai cessé de me sentir coupable de me protéger des images atroces inondant les réseaux sociaux.
Alors, comment rendre compte de l’importance d’avoir manifesté tout en restant honnête sur le sentiment mitigé que j'en ai gardé
Je me pose la question.
La décision de rédiger ces lignes semble pourtant évidente en observant la faible couverture médiatique d’une part et la résilience héroïque du peuple palestinien de l’autre
Nous ne cesserons de prendre la plume et de porter notre voix pour dénoncer la situation des opprimé·e·s, contre vents et marées.
La mobilisation en nombre a de l'impact.
Manifester, c'est empêcher celleux qui en ont l'intérêt d'invisibiliser la situation dramatique en Palestine.
Manifester, c'est refuser de normaliser l'occupation, l'apartheid et le génocide en cours.
Manifester, c'est le moindre des efforts.
Nous avons le devoir de nous mobiliser pour celleux qui sont coincé·e·s dans des prisons à ciel (plein de missiles) ouvert.
Les états d'âme attendront.
N'en faisons pas une parenthèse.
Maintenons la pression.
Dons humanitaires, boycott, interpellations politiques et manifestations…
Les moyens d'actions sont nombreux.
Puissent nos enfants ne pas nous reprocher d’avoir toléré un nouveau chapitre noir de l’humanité.