Résilience : Aptitude d'un·e individu·e à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques. (Larousse) Michel Visart en est l'exemple parfait. Père de Laurianne, jeune adulte qui a perdu la vie dans l'attentat de Maelbeek en 2016, ce journaliste pensionné a marqué le pays entier par son discours plein d'ouverture quelques jours après le drame. 7 ans plus tard, Parresia a l'immense honneur d'accueillir cet homme impressionnant dans un échange riche. Au programme : étapes du deuil, amour, pardon, procès, réinsertion et message à tous ces jeunes qui ont payé à tort les pots cassés.
La poignée de main est ferme mais chaleureuse, à l’image de l’homme. Michel Visart est de ces personnes qui ne laissent pas indifférent·e : impressionnant, parfois même intimidant mais ô combien bienveillant. Journaliste chevronné, c’est lui qui s’attèle à mettre à l’aise l’interviewer. Dans les couloirs de la Maison de la Francité, les sujets de discussions s’enchaînent : ses années sur les bancs de l’IHECS, ses erreurs de parcours, les coups du sort qui l’ont amené à faire du journalisme économique son métier, l’importance de traiter l’information de manière constructive, son combat pour la cause migratoire. Encore une fois, les parcours de vie en toile de fond.
C’est d’ailleurs sur cette base là que repose notre discussion du jour. Mon appréhension quant au choix minutieux des mots pour ne pas raviver de mauvais souvenirs ou blesser maladroitement se dissipe à mesure que Michel me rassure. Nous revenons sur sa décision de prendre la parole aussi vite après le drame avec ce discours qui a fait du bien à tellement de monde. Nous passons en revue les étapes de son deuil : « Pas de haine, ni de colère et je dis ça sans vanité ». Je suis frappé par la force qui émane de cet homme et je ne peux m’empêcher de réfléchir à la manière dont j’aurais réagi si j’avais été dans sa position… Malgré cela, le discours de Michel Visart ne peut pas être qualifié d’utopique. L’invité le souligne plusieurs fois : « Je ne suis pas naïf ».
Après une bonne demi-heure de discussion, je ressors de la pièce avec une leçon de sagesse d’amour et de résilience. Il ne faut jamais arrêter de construire même si « la souffrance ne s’en va jamais réellement ».