Nationalisme : Vers une marée noire ?
“ Vous les Algérien·ne·s, vous êtes toustes nationalistes !”
Chez moi, être nationaliste n’est pas un gros mot.
Dans une famille algérienne, ça signifie Être fier·ère de son pays, de son histoire, de sa culture, mais aussi des 132 ans de lutte pour se libérer d’un colonialisme particulièrement barbare.
Les traumatismes se transmettent de génération en génération, surtout quand ils n’ont pas été verbalisés, encore moins traités.
La dévalorisation subie pendant plus d’un siècle se convertit en fierté d’être soi, en volonté de ne jamais s’abaisser, et le drapeau symbole de cette histoire sera offert sous toutes ses formes dès le berceau, telle une promesse de ne jamais oublier.
En Belgique, en Occident, monte un autre nationalisme.
Brandir un étendard ici n’a pas le même sens que là-bas.
Je le dis tout haut : le nationalisme d’un peuple en lutte n’est pas celui d’un Etat libre, riche, dominant plutôt que dominé.
Pourquoi réaffirmer une identité qui en réalité n’est pas menacée ?
Ce serait à cause du danger provenant de l’intérieur, de Belges qui n’en seraient pas vraiment, de par leur origine ou leur religion.
Aimer son pays, je dis oui , mais à deux conditions : Que ce ne soit ni au détriment de l’autre, ni prétexte à exclusion. Et qu’on distingue amour de sa nation, et soumission envers l’Etat.
L’algérien·ne nationaliste, aujourd’hui, c’est parfois aussi une attitude un peu naïve de jeunes d’origine algérienne et de beaucoup de celleux issu·e·s des immigrations post-coloniales, qui magnifient leur pays d’origine en refusant d’en voir les défauts.
J’ai moi-même eu cet état d’esprit. J’étais fière d’être algérienne, comme chacun·e doit aimer chaque aspect de ce qu’iel est. Mais en plus de chérir un certain héritage de résistance, dans cette société qui me rejette, je voulais surtout brandir une identité qui se démarquerait, car je me sentais étrangère à la Belgique où j’avais pourtant grandi.
Avec le temps, j’ai de mieux en mieux connu l’Algérie, Je l’ai de plus en plus aimée, et je l’ai de plus en plus critiquée aussi. Quand on est vraiment attaché à un peuple, on ouvre les yeux, car tout ce qu’on veut, c’est qu’il puisse vivre au mieux.
En devenant une meilleure algérienne, je suis devenue davantage belge. J’ai distingué la politique de la population, qui, quel que soit le coin du globe, veut la même chose partout : paix et prospérité. J’ai distingué le peuple du pouvoir, pour en revenir à notre commune humanité.
Le nationalisme est pour moi une étape nécessaire, mais qui se doit d’être limitée en temps. Celui de la lutte contre le colonialisme, le génocide, l’apartheid, l’occupation. Une fois la libération survenue, c’est le pouvoir et ses responsabilités face au peuple qui doivent compter, Et ce n’est jamais de quelconques minorités que provient le danger.
Je suis algérienne, et je n’en ai jamais été aussi fière, que depuis que je ne suis plus nationaliste.
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