©GiacomoReynaud

Palestine, je ne peux oublier tes visages

D’un simple regard

Je m’arrête au feu. Du rouge, toujours du rouge.

J’attends, patiemment.

Poussette aux bouts des mains,

ça me rappelle Hébron

Et cet homme poussant son fils, kalach en bandoulière

Je suis au feu. Du rouge, toujours du rouge.

Elle se retourne et me sourit.

Elle baisse doucement le regard, ferme ses paupières et les rouvre

Le regard est entendu.

Keffieh autour du cou,

On se sait.

L’échange est silencieux

À Sebastia tout se lit dans les pupilles

Il doit avoir 25 ans. Il est beau.

La couleur mate de sa peau est aussi intense que le noisette de ses mirettes.  

Je me demande quand est-ce que ces yeux ont connu l’insouciance pour la dernière fois ?

Ils nous épient. Partout, tout le temps.

Ils sont les murs avec des oreilles

Les caméras qui lisent sur les lèvres

Qui scrutent les corps

Qui interdisent l’accès à cet enfant qui ne peut passer le barrage, les barbelés et les grilles

À Silwan, ils nous regardent en petit comme en grand

La surveillance de l’oppresseur est devenue un art

Je ne comprends pas leur langue.

Elle traduit. J’entends des mots, mais je ne les capte pas.

À côté, elle dessine la végétation de ce petit jardin

Je suis focalisée sur leur peau ridée et burinée par le soleil

Je suis focalisée sur les regards vieillis

Un voile flou terni leur iris

Mais rien n’altère la puissance de ce qu’ils ont vu.

Rien ne dit aujourd’hui ce que leurs yeux disent

Nous ne voyons qu’à travers des écrans 4K

La destruction, les morts, les flammes

Leurs larmes.

La nature n’est plus.

Les eaux sont polluées.

Le retour, interdit.

Du rouge feu et du gris cendre partout, toujours.

Mais chez Parresia, nous voulons décrire celleux qui se cachent derrière les yeux témoins de ce désastre. Nous voulons vous dépeindre les humains croisés sur les hauteurs de Jérusalem, la chaleur de Ramallah ou les rues oppressantes de Al Khalil.

Réhumanisons le peuple de Palestine.

Nous n’avons été que des oreilles pour entendre et des yeux pour voir.

Donnons vie à leur récit, à leur regard.

Laurianne Systermans

Coordinatrice sur le projet Parresia et accompagne les jeunes dans leur envie de s’essayer à l’expression journalistique.

Palestine, je ne peux oublier tes visages

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Laurianne Systermans

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